Archive pour juillet 2008

Un petit texte rédigé à la demande d’un jeune contributeur du Forum Loco-Revue agé de 12 ans dont le pseudo était « V-150 » – référence au record du monde de vitesse sur rail détenu par Alstom.

Dieppe

Bonjour V-150. En tant que citoyen de la Libre République du Bout-du-Quai à Dieppe, je peux surtout te parler de la gare maritime de Dieppe, la 3e du nom construite par Urbain Cassan à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale dans le plus pur style « reconstruction ».

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Cette gare était – en principe – réservée aux passagers prenant le Car-Ferry de Newhaven, mais était utilisée par les habitants du Front de mer et du Bout du Quai, leur épargnant un kilomètre à pied depuis la gare de Dieppe Ville sous un ciel cauchois toujours incertain. De toutes façons, si les horaires mentionnaient spécifiquement Dieppe-Ville et Dieppe Maritime (de mémoire : 10 minutes étaient allouées pour aller de l’une à l’autre, il y avait trois/quatre PN à manoeuvrer par un agent SNCF qui se déplaçait à pied à côté du train), le billet ne mentionnait que « Dieppe ». Nous étions donc – on le suppose – dans la légalité, d’autant qu’il y avait un composteur orange à disposition dans la gare maritime pour « chtonker » avant le départ. Aucune remarque d’aucune sorte par les ACT en 13 ans de fréquentation des lieux.

Donc, lorsque je fréquentais la gare maritime (de 1979 jusqu’à sa fermeture en 1992), cet établissement était desservi par le train maritime quotidien. Départ Paris Saint-Lazare vers 10h45, arrivée Dieppe-Maritime 13h10. Retour : Dieppe-Maritime 15h50 arrivée PSL à 18h07, avec deux arrêts intermédiaires : Rouen-RD et Val de Reuil. Entre 13h10 et 15h50, la rame refoulait sur le faisceau de garage en gare de Dieppe-Ville pour nettoyage et remise en tête de la locomotive.

Côté matériel roulant, j’ai surtout connu les rames Corail tractées par une 67000 (avec changement de machine pour une électrique à Rouen-RD, vers la fin de l’exploitation, c’était diésel jusqu’à PSL). Un vrai plaisir de glisser dans les rues de Dieppe, le long des Arcades de la Bourse avec de l’autre côté du bassin les hangars des mareyeurs qui affichaient fièrement « Poisson Dieppois, Poisson de choix », le tout dans un silence quasi-absolu à bord d’une voiture Corail. Cool On voyait de temps à autre des trains spéciaux affrétés, et à une époque des Caravelles qui assuraient une liaison directe depuis PSL lors de l’éphémère exploitation Dieppe-Newhaven par hydroptère à grande vitesse (la société a fait faillite lors d’une des nombreuses grèves de pécheurs ou de dockers avec blocage du chenal qui ont contribué à l’écroulement du port de Dieppe). Il y avait aussi des citernes de mazout en stationnement le long du bateau pour le ravitaillement en combustible des esquifs.

Les rails ont survécu quelque temps après la démolition de la gare, puis suite à l’aménagement du port de plaisance, tout le revêtement des quais a été refait. On trouve encore quelques bouts de rail Broca du côté de la place du Hâble en allant vers le sémaphore. Evidemment, on peut regretter cette desserte ferroviaire, d’un autre côté la démolition de la gare a permis de dégager tout le quai Henri IV et de reporter le trafic de poids lourds Transmanche vers le port extérieur (il faut savoir que des 38 tonnes se faufilaient sur le quai entre la gare et la façade des immeubles, les trottoirs faisant à peine 1,50m de large, l’endroit était invivable et dangereux pour les piétons Mort ).

Un bon sujet de diorama sur une petite surface (en N par exemple). Une idée pour François (Fontana) qui aime les ports Mr. Green.

Quelques vues de l’ancienne gare qui a été une victime collatérale des combats lors du débarquement anglo-canadien du 19 août 1942 :

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Une autre vue intéressante d’un train arrivant en gare de Dieppe Maritime avant la Deuxième Guerre Mondiale, on distingue le panneau « Paris Londres via Dieppe » sur les voitures et l’ancienne Halle aux poissons à gauche :

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