Archive pour la catégorie ‘Train réel’

Lumière rasante d’un dimanche matin d’été en gare de Clamecy (Nièvre). Deux AGC TER Bourgogne attendent l’heure du départ pour Paris-Bercy. En arrière-plan, une cheminée de l’ex-SPCC et les collines de Sembert dans la brume estivale. La journée va être chaude dans la Cité des Vaux d’Yonne.

(Cliquer sur les photos pour agrandir)

Clamecy_AGC_Summer_2013

Clamecy_AGC_Detail

Dans la décennie 1970, j’appréciais particulièrement la courte période entre la fin de l’école et mon départ en vacances chez mes grands-parents à Clamecy début juillet. C’était le moment où, débarrassé provisoirement de mes obligations scolaires, je pouvais enfin me consacrer pleinement au modélisme ferroviaire : train Légo pour commencer, puis un grand réseau Fleischmann en HO et pour finir un réseau étagère en HOe ayant pour thème « Les chemins de fer du Morvan ».

En fond sonore de mes travaux modélistiques, les émissions estivales de RTL, entrecoupées des sifflements stridents (et désagréables) du RTL Matic : un partenariat de RTL avec ITT Oceanic qui permettait d’allumer automatiquement le poste de radio au moment des informations ou des flashs spéciaux, précurseur des Info Trafic via RDS de nos autos-radios, (et fort heureusement rapidement abandonné par la station de la rue Bayard).

Mais il y avait surtout le bulletin de la « Météo des plages » et son gingle :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=XMGQ07XINRw[/youtube]

Suivait la longue litanie des plages de Dunkerque à Hendaye et de Cerbère à Menton. Dieppe, Saint-Quay Portrieux, Les Sables d’Olonne, la Tranche sur Mer, Royan, La Grande Motte, « drapeau vert, température dans l’eau 22°C, température sur la plage 28°C, le ciel est bleu et le vent est faible, force 2 ».

Miracle d’Internet : non seulement ce gingle avait été enregistré à l’époque par des amateurs (les archives sonores de RTL, que l’on a connu plus efficaces, affirment avoir perdu l’enregistrement), mais d’autres ont identifié la musique originale :  Soul Saga / Song of the Buffalo Soldier extrait de l’album Body Heat de Quincy Jones (1974).

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=NCLydNcjhbQ[/youtube]

Ce gingle de la Météo des plages était et reste pour moi l’annonce, non pas du départ vers les plages de l’Atlantique, mais d’un départ au petit matin en Gare de Lyon, côté voies 3 à 19  (avant de s’appeler TER et être relégués à Paris-Bercy, les Express du Morvan étaient bannis des prestigieuses voies A à M, réservées au Train-Bleu, Cisalpin, Mistral et autres Simplon-Orient-Express), dans les rustiques voitures Bruhat dont l’intérieur était nettoyé à la lance d’arrosage (véridique !) mais cependant directes pour Avallon-Autun et Clamecy-Corbigny via Laroche-Migennes, Auxerre et Cravant-Bazarnes.

Radio days…

Solution de l’énigme des MOOC :

Forum

« Let every step be an advance » était la devise du journal Trans-Continental.

Transcontinental_Head

Cette publication éphémère in-octavo, qui ne connut que 12 numéros de quatre pages, était imprimée à bord du train transcontinental en juin 1870 – un an après que Leland Stanford, propriétaire du Central Pacific et fondateur de l’Université éponyme – eut enfoncé le golden spike à Promontory Point, Utah. Cette publication exceptionnelle marquait la première liaison en voiture Pullman de Boston à San Francisco, un voyage promotionnel financé par le Boston Board of Trade.

Toujours avide de publicité, George Mortimer Pullman avait fait installer une petite imprimerie dans le combine/fourgon/fumoir de la rame de 8 voitures du Pullman Hotel Express. Le quotidien Trans-Continental tenait informé les 130 voyageurs du déroulement du voyage avec des informations touristiques, dernières dépêches, récits et anecdotes, et vers de mirliton à la gloire du chemin de fer et de l’Union…

TRanscontinental-Printing

De passage à Colmar, je trouve à l’excellente Librairie Hartmann (24 Grand’Rue) – une des dernières librairies indépendantes et qui possède entre autres un rayon étendu d’Alsatiques – un exemplaire de  l’ouvrage de Etienne Woessner : Le chemin de fer de la Vallée de Kaysersberg et les lignes à voie métrique de l’étoile de Colmar.

Couverture_Livre

Le livre est paru en 2007 et avait été signalé sur la liste Yahoo du Cercle d’études des Chemins de fer d’Alsace-Lorraine. Il est consacré essentiellement à la ligne de la vallée de Kaysersberg, de Colmar à Lapoutroie, le célèbre KTB (Kaysersberg Tal-bahn, rebaptisé par les Alsaciens, toujours facétieux, « Kein Teil Brauchbar » – aucune pièce récupérable, eu égard à l’état peu reluisant du matériel roulant). Mais une large place est accordée aux autres lignes à voie métrique ayant pour origine la gare de Colmar : Colmar-Winzenheim, Colmar-Marckolsheim et Colmar-Ensisheim-Bollwiller. Cette « étoile de Colmar » à voie métrique cohabitait en gare avec les trains à voie normale de l’E-L et nécessitait la présence de voies à 3 files de rails.

Colmar_gare_KTB

Un train du KTB au départ de Colmar

Faisant étape à Ensisheim, je suis parti à la recherche des vestiges de la ligne de Colmar à Bollwiller citée dans l’ouvrage. Construite en 1901 et initialement à voie métrique, cette ligne fut convertie en voie normale en 1916 par l’armée allemande qui voulait disposer d’un itinéraire de secours, parallèle à la ligne Strasbourg-Bâle – cette dernière se trouvant sous le feu de l’artillerie française depuis le Vieil-Armand. La ligne fut exploitée ensuite par la SNCF et progressivement déclassée de 1964 à 1996.

La gare d’Ensisheim était une gare de rebroussement assez importante, qui fournit une bonne source d’inspiration pour une réalisation en modélisme, avec des possibilités d’exploitation nombreuses dans un espace raisonnable :

Carte_gare_Ensisheim_Th

Grâce au livre d’Etienne Woessner, j’ai pu retrouver facilement le BV ainsi que le pont sur la Thour :

Ensisheim_1

Ensisheim_2

Départ à 9h44 de la voie 5 à Montreux. Les places « VIP » à l’avant de la voiture sont toujours très recherchées :

Gstaad_0

La forte rampe en sortie de la gare de Montreux/MOB avant l’entrée dans le tunnel hélicoïdal menant à la halte de Montreux-Collège. A droite, la remise-atelier :

 

Gstaad_2

Passage à pleine vitesse devant le château du Chatelard :

Gstaad_3

Sortie du tunnel de Jor (2424m – le 5e plus long tunnel à voie métrique de Suisse, derrière la Verena, la Furka, la Jungfrau et l’Albula), nous entrons dans le pays d’En-Haut :

Gstaad_5

Entre Montbovon et Rossinière, la caténaire Ott fait de la résistance :

Gstaad_8

L’église perchée de Chateau d’Oex :

Gstaad_7
En pays d’En-Haut, à Chateau d’Oex,
Le MOB se faufile entre les chalets…

Gstaad_9
Croisement à Rougemont avec une des anciennes gloires du MOB : l’automotrice ABDe8/8 série 4000 :

Gstaad_6

Gstaad_4

Arrivée dans la gare rénovée de Gstaad :

Gstaad_1

où nous quittons le Golden Pass Panoramic qui continue sa route vers Zweisimmen :

Gstaad_10

La ville de Fribourg en Suisse peut s’enorgueillir de posséder le dernier funiculaire européen à contrepoids à eau, plus exactement à eaux usées (d’où le raccourci un peu hasardeux dans le titre de ce post).

Fribourg_Funi_1

Ecologiste avant l’heure, Fribourg utilise ses eaux grasses pour faire fonctionner son funiculaire  reliant depuis 1899 la Neuveville à Saint-Pierre. A la station supérieure, un réservoir placé sous la voiture est rempli avec le contenu des égoûts de la ville haute. La voiture ainsi alourdie descend la pente entraînant la voiture inférieure, plus légère. Arrivée à la station inférieure, le réservoir est vidé dans les égouts de la ville basse et le cycle recommence. Toutes ces opérations de remplissage/vidange génèrent évidemment quelques odeurs… plus ou moins supportables selon la saison  ou la sensibilité olfactive des voyageurs.

 Fribourg_Funi_2

En bas à droite de la voiture, l’orifice de remplissage du réservoir.

Le funiculaire a été inauguré en 1899, Paul-Alcide Blancpain – fondateur de la Brasserie du Cardinal située dans la ville basse – en étant le promoteur, la conception technique étant confiée aux ingénieurs Strub et Lommel. De 1901 à 1965, la gestion de l’installation est assurée par la Brasserie Cardinal, avant d’être reprise par la municipalité, puis transférée en 1970 aux Transports Publics Fribougeois (TPF). En 1996, une rupture d’essieu entraine l’arrêt de l’exploitation; reprise en 1998 après rénovation dans le style d’origine. Le funiculaire, dépourvu de tout moteur électrique, nécessite la présence d’un agent serre-frein dans chaque voiture. Une crémaillère Riggenbach située dans l’axe de la voie assure le freinage.

Fribourg_Funi_4

Poste de conduite

Fribourg_Funi_5

Eclairage par lampe à pétrole dans les voitures (!)

Fiche technique :
Longueur : 121m
Dénivelée : 60m
Rampe : 49,5%-55%
Ecartement : 1200mm
Volume du réservoir : 3000l/voiture
Capacité : 20 voyageurs/voiture.

Fribourg_Funi_3

De passage à Broc-Fabrique pour dévaliser le Nestlé Shop situé non loin de l’usine Cailler. Le locotracteur Te4/4 n°13 des TpF en charge des manoeuvres en gare de Broc-Fabrique était absent (révision ? réforme ?) :

Brox-1

et c’était l’automotrice BDe4/4 n° 142 « La Gruyère »  (construction Schindler/Sécheron 1972) qui était ce jour là en tête du train de marchandises de 12.20.

Brox-2

Le wagon-raccord X1006 assure la liaison et le tamponnement avec les wagons voie normale :

Brox-3

montés sur trucks porteurs TpF (1 truck porteur par essieu) :

Brox-4

Les BDe 4/4 141 et 142 sont des habituées des roulements marchandises. A leur sortie d’usine, dépourvues d’aménagement intérieur mais lestées de 12 tonnes de sacs de sable,  elles furent affectées à la traction des trains de gravier destiné à la future  autoroute A12, entre Grandvillars et Vuarens. Elles ne reçurent leur aménagement voyageurs qu’en 1980.

Rick Castle, le héros de la série TV policière éponyme, serait-il un métrophile, disciple de Jean Robert et de Jean Tricoire ? Dans l’appartement du célèbre romancier à succès New-Yorkais, on peut noter la présence de cette photo de la station Cité ligne 4 du métro parisien – avec une rame MP59 en direction de Porte de Clignancourt. Une vue qui va bientôt appartenir à l’histoire avec le remplacement du MP59 par le MP89 en provenance de la ligne 1.

Rick Castle (Nathan Fillion) à Cité, 4
« Secret’s Safe with Me », Saison 5 épisode 3 @42’30 »

Détail de la photo. La station Cité qui dessert à la fois le Palais de Justice, la Préfecture de Police de Paris et la Brigade Criminelle du 36 quai des Orfèvres constitue probablement une source d’inspiration pour Richard Castle.

Le caisson principal de la station Cité en construction (circa 1906)

Un bonjour de la gare de Zurich, sans umlaut ü car, très exceptionnellement, je ne me trouve pas à la Hauptbahnhof SBB/CFF de Zürich, Suisse, mais à la gare de Zurich, Californie, du Southern Pacific, sur l’ancienne ligne à voie de 3 pieds (0,914m) qui reliait jadis Keeler à Laws dans la Owens Valley, supprimée en 1960.

Ici, l’auteur de ce Blog se trouve  à l’emplacement exact de la gare, ou de ce qu’il en reste. Température en cette fin d’après-midi : 42°C à l’ombre (à l’ombre de quoi, d’ailleurs ?). Cela va peut être en surprendre quelques uns, mais je mouille la chemise – littéralement – pour alimenter ces colonnes  🙂 (Photo : Alexandre Delaitre).


L’entrée sud de la gare. Au premier plan, la plaque commémorative posée par
« The Ancient and Honorable Order of E. Clampus Vitus »,
confrérie d’amateurs du Old West.

Pourquoi Zurich ? Selon la tradition de la Owens Valley, une suissesse du nom de Emilie  Nikolaus, née en 1887, trouvait que le versant Est de la Sierra Nevada lui rappelait ses Alpes natales. En 1923, le Southern Pacifc donna le nom de la cité de Zwingli à cette gare, au milieu de nulle part, qui desservait en fait la bourgade voisine de Big Pine.

 

Les fondations de la gare. En arrière plan, les radiotéléscopes du Owens Valley Radio Observatory, un site du Caltech chargé d’étudier le rayonnement fossile du Big Bang. Hier et demain…

Zurich_Train
La Gare de Zurich au temps de la splendeur de la Owens Valley Narrow Gauge

Le Getty Center abrite une partie des collections du J. Paul Getty Museum (l’autre partie se trouvant à Malibu). Construit sur la colline de Brentwood qui domine tout Los Angeles, son implantation escarpée posa le problème de l’accès des visiteurs et du parking, indispensable à L.A. Les promoteurs optèrent pour la solution de l’Hovertrain, un train sur coussin d’air tracté par des câbles type funiculaire. Ce système, conçu initialement par General Motors fut – pour une sombre histoire de loi antitrust – cédé au fabricant mondial d’ascenseur, qui le commercialisa sous le nom de « Otis Hovair ». La ligne, d’une longueur de 1180m franchit une dénivelée de 63m.

Un bâtiment d’accueil fut construit à proximité de l’Interstate 405 (la grande autoroute Nord-Sud de Los Angeles) à 1km environ du Centre. Cette zone comprend un parking souterrain sur 7 niveaux et la gare de départ de l’Hovertrain :

Arrivé d’une rame à la station inférieure :

La piste de l’Hovertrain, parfaitement nivelée, porte la trace des « pads » servant à la sustentation de la rame. La ligne ne comporte pas d’atelier et la maintenance se fait à cet endroit, in-situ :

La sustentation est donc assurée par des « pads » similaires à ceux employés pour le transport des charges palettisées sur coussin d’air, le guidage par des galets caoutchoutés sur un profilé latéral et la traction par deux câbles (un par rame) entrainés par un moteur électrique stationnaire de 400CV :

La voie sinue à flanc de colline en surplomb de l’Interstate 405. L’installation est conçue pour supporter des tremblements de terre de magnitude 6, des vents jusqu’à 100km/h (au délà, la rame s’arrête et est mise en sécurité) et à des températures allant de -23°C à +43°C.

L’évitement en milieu de parcours. Curieusement dans un pays où la majorité des trains circule à droite, l’Hovertrain lui croise à gauche :

Dernière courbe avant l’arrivée :

La station supérieure. Chaque rame de trois voitures permet d’acheminer 1200 personnes par heure et par sens :

Le patio du Getty Center :

Le panorama sur la Cité des Anges vu depuis les terrasses du musée :

GHov_Pano

Cliquer sur la barre de défilement pour naviguer dans le panorama, (orienté vers le sud).