Archive pour la catégorie ‘Miscellanées’

Je ne vais pas me faire des copains du côté de l’Office de tourisme local, mais le monde doit savoir ;-). Scuol est la plus déprimante cité de l’Engadine (voire même de Suisse, quoique, à mon avis, le titre appartient toujours à Glattpark près de Glattbrugg dans la banlieue de Zürich, surtout le dimanche après-midi).

L’endroit a connu son heure de gloire pour son thermalisme, mais faute probablement d’avoir su négocier le virage du wellness (massages, bains bouillonnants et piscines panoramiques plutôt qu’absorption à heures régulières d’eau à l’odeur fétide), la cité semble en plein déclin. Comme en témoignent ces hôtels abandonnés et ces bâtiments décrépis, franchement sinistres :

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Seule l’imposante gare RhB a encore fière allure, témoin d’un passé plus glorieux :

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La gare est desservie chaque heure par une rame-navette en direction de Pontresina et un train en direction de Klosters/Landquart/Chur (via le tunnel de la Vereina à Sagliains)

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A noter que le heurtoir dans l’arrière-gare, au niveau du téléphérique, constitue la partie la plus orientale de tout le réseau des RhB. D’ici, la frontière italo-autrichienne n’est qu’à une vingtaine de kilomètres.

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Précision importante : la mention « Scuol-Tarasp » sur le fronton de la gare pourrait faire croire que le château de Tarasp est à proximité de la station.

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Que nenni ! A pied, il vous faudra descendre et remonter sur l’autre rive de l’Inn pour l’atteindre (environ 5km). Depuis St-Moritz, mieux vaut y aller en voiture – d’autant que la Engadin Pass, sésame du touriste en Haute-Engadine, n’est pas valable jusqu’à Scuol-Tarasp avec les RhB. Il vous faudra vous acquitter d’un supplément de 50CHF Aller-Retour par personne.

Vous voilà prévenus, visiteurs de la Basse-Engadine.

Temps caniculaire à Zürich, le mercure indique 32°C. Après une longue journée de labeur en Argovie, je me réfugie dans la fraîcheur de mon joint habituel, le restaurant Tre Cucine sur la Niederdorfgasse dans le vieux Zürich. Petits plaisirs simples en attendant mon risotto Michelangelo, regarder d’un œil Eurosport avec Steven Maguire et John Higgins en train de mettre une branlée mémorable à la Pologne aux Championnats du monde de snooker en Thaïlande, et prendre enfin le temps de lire la dernière livraison de  The Writer avec une Feldschlösschen glacée.

Dans ce numéro, du lourd et du léger. Légère et pétillante  : Stephanie Dickison évoque une fois de plus avec brio les affres de la vie de pigiste – cela sent le vécu. Du lourd ensuite avec une interview de Tom Wolfe (L’étoffe des héros, le Bûcher des Vanités et le psychédélique Electric Kool Aid Acid Test). Morceau choisi : « La Poésie vit désormais sur une haute montagne enneigée. Mais plus personne ne vient lui rendre visite. Et je pense que la même chose est en train d’arriver au Roman. (Tom Wolfe)« .

Curieusement, The Writer, une publication qui vit le jour en 1887, a été reprise il y a quelques années – on se demande pourquoi –  par les éditions Kalmbach, plus connues comme éditeur de Trains, Model Railroader, Classic Trains, etc.

Vu de la fenêtre de ma chambre au Grand Hôtel des Thermes à Saint-Malo. Dans ma tête, la musique des Vacances de M. Hulot composée par Alain Romans tourne en boucle 😉

Cliquer sur la barre de défilement pour naviguer dans le panorama.

Visité l’exposition « Dans l’intimité des frères Caillebotte » au musée Jacquemart-André, boulevard Haussmann à Paris.

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Hélas, c’est une déception. L’idée de départ était intéressante : croiser les regards de deux frères Gustave Caillebotte, le peintre, et Martial Caillebotte, compositeur et photographe amateur. Très proches, ayant vécu ensemble jusqu’au mariage de Martial dans les mêmes lieux : l’appartement familial du Boulevard Haussmann, la propriété de Yerres, le Petit Gennevilliers, il y avait effectivement une piste à suivre : trouver des interactions, des connivences entre les toiles de l’un et les photographies de l’autre. Las ! D’un côté de la salle : les toiles de Gustave (pas les plus importantes malheureusement), de l’autre les photos de Martial tirées des albums photos familiaux, reproduites en petit format dans des cadres pêle-mêle, non légendées. Ajoutons qu’avoir photographié l’ancien Trocadéro ou la construction du Sacré Coeur ne font pas de Martial l’égal d’un Atget ou d’un Marville. A une scénographie paresseuse et sans idée s’ajoute l’exiguïté des salles consacrées aux expositions temporaires à Jacquemart-André. On se bouscule, on s’écrase, on transpire, on manque de recul et on songe à ce que la Fondation de l’Hermitage à Lausanne aurait pu réaliser sur un tel sujet.

Au retour, j’ai revu le documentaire en VHS « Caillebotte, les aventures du regard » réalisé par Alain Jaubert en 1994 à l’occasion de l’exposition Caillebotte au Grand-Palais. Jaubert y décrit un Caillebotte fasciné par la ville, la perspective, les jardins et doté d’un regard qui cadre à la façon d’un cinéaste moderne. Jaubert rapporte également l’existence de plusieurs études préliminaires pour des tableaux réalisées sur des calques format 9x11cm, exactement le format des plaques utilisées par Martial pour ses chambres photographiques. Gustave utilisant les appareils photo de son frère comme camera oscura pour ses oeuvres ? Voilà un point à creuser, surtout dans une exposition intitulée « Peintre et Photographe ». Mais encore eusse-t’il fallu travailler un peu…

A noter la présence de quelques photos ferroviaires. Outre plusieurs machines du PLM immortalisées en pleine vitesse du côté de Montgeron, on découvre avec surprise une photo du funiculaire Territet-Glion – bien connu des habitués de ce Blog – dans son état 1883-1974. La photo a été prise au niveau de l’évitement, à mi-parcours. Martial avait installé son appareil sur le pont de la route de Glion (première intersection avec la ligne du funiculaire en venant de Montreux, au niveau de l’avenue de Collonges). Je n’ai pas retrouvé la photo originale de Martial Caillebotte, mais elle est cadrée à peu près comme cette carte postale ancienne. La crémaillère Riggenbach bien visible sur ce cliché servait pour le freinage.

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Sitges, le Saint-Tropez Catalan à 40km au sud de Barcelone.

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Courte visite au musée du Chien Saint-Bernard à Martigny (VS). Une surprise nous y attendait : la naissance quelques semaines auparavant de 13 chiots Saint-Bernard (en deux portées : 9 + 4) !

C’est bien connu : le monde est toujours plus intéressant de l’autre côté de la clôture…

Et dire que dans quelques mois, cet adorable chiot sera devenu un véritable « Beethoven » 😉

Musée et Chiens du Saint-Bernard, Fondation Bernard et Caroline de Watteville, Martigny.
http://www.museesaintbernard.ch/

Retour à la ville « entre les lacs » après 34 ans d’absence. Le temps manque malheureusement pour aller plus avant dans le massif de la Jungfrau et nous devrons nous contenter cette fois-ci d’une montée à la Heimwehfluh. Ce petit promontoire situé dans la partie occidentale d’Interlaken est aménagé en belvédère touristique depuis 1906, année de la construction d’un funiculaire à voie de 80cm qui a conservé son allure Belle-Epoque :

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De là, vue sur les deux lacs, ici sur Interlaken et le Lac de Brienz :

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Au sommet, à côté de la gare d’arrivée du funiculaire, un véritable fossile vivant : le réseau en « O » de la Heimwehfluh, construit en 1948 et toujours fonctionnel après 63 ans. Typique des réseaux « à grand spectacle » de l’époque, paysages montagneux, circuits à boucles hélicoïdales (on songe à John Allen évidemment mais aussi au premier R.M.A. – « Réseau Miniature Amateur » – de Louis Lavignes Cité du Midi à Paris), il occupe un local de 100m2 abritant 200m de voie.

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L’éphémère et magique revue « Modèles Ferroviaires » lui avait consacré deux pages dans son n°12 de 1952 :

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Le matériel moteur a été depuis quelque peu modernisé pour coller à l’actualité..

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…mais a été réalisé plus dans une optique « fonctionnement intensif » que « Finescale », comme en témoignent les bogies moteurs des locomotives.

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Autre changement par rapport à ma visite en 1977 : le poste de commande, entièrement digitalisé. Souvenir : il y a 30 ans, la régulation était effectuée par circuits de voie (en 1948 : 12 sections de block permettaient la circulation simultanée de 7 trains). L’opérateur – en grand uniforme des SBB-CFF – faisait d’ailleurs la démonstration suivante : en plaçant un wagon isolé sur la voie au premier plan à gauche il arrêtait progressivement toutes les circulations sur le réseau.

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La traditionnelle séquence nocturne qui clôt le spectacle depuis soixante ans :

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Pour redescendre de la Heimwehfluh, trois possibilités : le funiculaire, le sentier et pour les plus téméraires : la luge-monorail. Testée pour vous : séquence émotion garantie ! La poignée au milieu sert de frein, et surtout à s’accrocher 🙂

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La première partie est particulièrement impressionnante, pas le temps d’admirer le panorama :

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Arrivée à la station inférieure, jouxtant le funiculaire :

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Les luges sont garées…

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…dans l’attente d’être remontées automatiquement à la station supérieure par un système de téléphérique :

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Bref passage en gare d’Interlaken-West. Les Re 425 (ex Re 4/4 du BLS) sont fidèles au poste :

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et arrêt obligatoire chez Bühler. Cette boutique de souvenirs suisses en tous genres possède un rayon modélisme ferroviaire très étendu avec une large gamme Bemo et les productions artisanales H-R-F (une entreprise d’Interlaken spécialisée dans la reproduction des trains de montagne et bien évidemment ceux de la Jungfrau – prix de spécialistes…)

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Tout ceci nous amène à l’heure du thé au Grand Hotel Viktoria, sur la Promenade.

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Sous les magnifiques glycines,

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vue sur le massif de la Jungfrau, dans les nuages en cette belle fin d’après-midi :

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Suggestion à la direction du Grand Hotel : faire disparaître les deux misérables blockhaus qui abritent des soi-disant boutiques de luxe, mais qui gâchent la vue depuis la terrasse.

Le flâneur du Quai des fleurs à Montreux peut facilement négliger l’imposante ancre de marine exposée face aux Dents du Midi. Quoi de plus normal sur les rives de cette marina, à deux pas de la station de sauvetage ?

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Le promeneur attentif, lui, ne manquera pas de lire le petit cartel sur le socle précisant qu’il s’agit d’une ancre d’amarrage qui servait jadis au mouillage des hydravions assurant la liaison Southampton-Montreux. Deux villes qui ont une grande importance pour l’auteur de ce blog, à la fois aficionado du MOB et visiteur régulier de Southampton, un temps membre du Solent Model Railway Group dont il géra pendant 11 ans sa « fenêtre sur Web« . Chose curieuse, en 42 ans de visites à Montreux, je n’avais jamais trouvé de photo de l’hydravion assurant la liaison avec les rives du Solent. C’est enfin chose faite avec cette vue de l’appareil dans la baie de Territet :

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Après enquête, il s’agissait d’un Short Solent, hydravion de 49 places, exploité par Aquila Airways. Fondée en 1948 par Barry Aikman, cette compagnie aérienne exploitait une flotte d’hydravions Short (Sandringham et Solent) depuis le Berth 50 à Southampton à destination de la Cornouaille, Lisbonne, Madère. Elle participa également au pont aérien de Berlin. La ligne Southampton-Montreux semble n’avoir fonctionné qu’en 1957, Aquila Airways ayant cessé ses opérations l’année suivante.

Tous les ouvrages consacrés à l’histoire des chemins de fer suisses commencent plus ou moins, et pour cause, par : « la première ligne de chemin de fer en suisse fut inaugurée le 7 août 1847, elle reliait Zürich à Baden et portait le nom de Spanischbrötlibahn, ou ligne des petits pains espagnols ». Malheureusement, craignant probablement le hors sujet, les historiens ferroviaires omettent généralement d’indiquer ce que sont ces fameux « Spanischbrötli ».

Baden 1847

Baden SBB 2011

Les « petits pains espagnols » sont une spécialité patissière de Baden, Argovie, hautement appréciée par la bonne société Zürichoise du 18e siècle. A l’époque, c’est une pâte feuilletée de forme carrée de 9x9cm que l’on déguste sortie du four. L’anecdote rapporte que les notables de la ville de Zwingli n’hésitaient pas – en ces temps de réglementation du travail inexistante – à envoyer leurs domestiques accomplir de nuit l’aller-retour Zürich-Baden (50km quand même) pour avoir le privilège de déguster les petits pains Badenois frais au petit-déjeûner. De ce point de vue, le chemin de fer constitua une amélioration indéniable des conditions de vie de la domesticité.

Mais la ville de Baden, plus préoccupée par ses eaux sulfureuses et son industrie électromécanique, négligea la spécialité qui fit sa renommée. Les petits pains espagnols tombèrent dans l’oubli. Et il faut attendre 2007 pour que plusieurs boulangers de la ville relancent le Spanischbrötli sous une forme modernisée avec un fourrage constitué de carotte et noisette.

Cette renaissance reste cependant discrète : mes collègues de Baden ignoraient leur existence, ou peut-être s’agissait t’il d’un secret à ne pas partager avec un ausländer :-). Après quelques recherches sur Internet et dans la vieille ville, c’est finalement chez Moser’s sur la Schlossbergplatz, au pied de la tour de l’horloge, que je fis affaire :

Pour 3,70 CHF, j’ai pu déguster la version sucrée : carotte + noisette saupoudrée de sucre glace, aux dimensions canoniques de 90 x 90mm :

Le voile s’était enfin levé sur un pan de l’histoire ferroviaire de la Suisse…

Difficile de manquer à Zürich la grande tour de l’observatoire construit en 1907 sur l’Urania Strasse, un des emblêmes la ville avec le Grossmunster et la Confiserie Sprüngli. A 48m d’altitude, équipé d’un télescope Zeiss de 30cm d’ouverture avec optique Fraunhofer, l’observatoire a une fonction essentiellement pédagogique et dispense des cours d’astronomie. Malheureusement, la pollution lumineuse urbaine empêche toute observation d’étoiles lointaines.

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Au rez-de-chaussée de l’immeuble s’est ouverte la Brasserie Lipp qui annonce fièrement : « So isst Paris« . Pour un parisien de naissance et de coeur comme votre serviteur, ce genre d’affirmation méritait vérification.

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D’ailleurs, un des « Plats Ravigotants » de la carte : le saucisson pistaché de Chéseaux sur un lit de brunoise de légumes et de lentilles à la moutarde de Meaux me faisait de l’oeil depuis déjà quelques mois (en version « faim solide ») :

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et m’incita par une soirée glaciale à pousser la porte de l’établissement. Accueil en français (rare à Zürich) et ambiance d’une Brasserie parisienne effectivement bien reconstituée :

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Après une petite soupe à l’oignon (« kleine hunger », juste histoire de se réchauffer), on m’apporte le fameux saucisson pistaché avec un verre d’Yvorne Pinot Noir. Un très bon point, il est présenté sur un chauffe-plat à l’ancienne, à l’alcool :

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Verdict : excellent. L’association lentilles et moutarde de Meaux en réconciliera plus d’un avec cette malheureuse légumineuse si maltraitée culinairement dans les cantines scolaires et universitaires 😉

L’excellente revue éditée par l’Office des Vins Vaudois nous en donne la recette (avec de la moutarde de Dijon – avis personnel : la Moutarde de Meaux paraît plus adaptée) :

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Le producteur de saucisson est la Maison Grandjean & Fils à Chéseaux-sur-Lausanne, route de Genève, 2. Chéseaux est un haut lieu non seulement de la gastronomie mais aussi de la voie métrique puisque située sur la ligne du Lausanne-Echallens-Bercher (LEB)

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Le LEB a marqué l’histoire ferroviaire en 1872 en étant la première ligne à voie métrique de la Confédération Helvétique. Autres curiosités : il avait été prévu à l’origine d’utiliser le système de monorail Larmanjat (essayé sur le Raincy-Montfermeil en France avant la guerre de 1870), idée rapidement abandonnée par le Grand Conseil du Canton de Vaud :

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A noter également : au début de l’exploitation, le LEB a récupéré quelques voitures à essieux en provenance du chemin de fer système Fell du col du Mont-Cenis, abandonné lors de l’achèvement du tunnel :

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Etoiles, saucisson pistaché, le LEB, le chemin de fer système Fell, tout cela peut sembler au mieux capillotracté, au pire complètement incohérent, mais n’oublions pas que nous sommes à Zürich, lieu de naissance en 1916 du mouvement Dada (« l’insignifiant absolu » selon André Gide) dans le célèbre Cabaret Voltaire à l’angle de la Spiegelgasse et de la Munstergasse :

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et qui de plus présente en vitrine quelques trains HO Märklin sur des coupons de voie C ! 😉

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