Archive pour août 2009

« All the way to L.A. » s’exclamaient les passagers du célèbre bus de Ken Kesey et des Merry Pranksters, dépeints par Tom Wolfe dans The Electric Kool-Aid Acid Test. Nous aussi nous nous lançons plein sud en empruntant, entre montagne et mer, la célèbre California Highway One.

Premier arrêt à la Mission espagnole de Carmel, la plus ancienne de Californie :

MissionEspagnoleACarmel

Arrêt photo au Bixby Bridge, non loin de Big Sur :

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Mensurations : longueur 218m, hauteur 85m, portée de l’arche centrale : 98m, construction 1932. Les aficionados des films de Clint Eastwood auront bien évidemment reconnu ce pont qui figure au générique de son premier film en tant que réalisateur : Play Misty for Me (« Un frisson dans la nuit », 1971).

Contrairement à l’image d’une côte Californienne composée exclusivement de plages de sable et de sauveteuses façon Baywatch, le littoral entre San Francisco et Pismo est composé presque exclusivement de falaises tombant à pic dans l’océan où se faufile péniblement la Highway One.

Highway_1

Peu de mouillages sûrs dans cette zone pour les bateaux, ce qui explique l’essort de San Francisco et de sa baie abritée comme port de commerce. On comprend mieux également l’importance de la création de petites lignes de chemin de fer à voie étroite, comme le Pacific Coast Railway, qui partait d’un des rares embarcadères de la région à Port Harford pour désenclaver San Luis Obispo et l’arrière pays (voie de 3 pieds, en service de 1873 à 1941) :

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A lire l’ouvrage de référence sur cette ligne par Kenneth E. Westcott and Curtiss H. Johnson :

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Arrivée à Pismo Beach, une étape commode à mi-chemin environ entre Monterey et Beverly-Hills. Vu la première plage (immense) de notre périple, celle d’Oceano Dunes, qui a le privilège (douteux) d’être la seule plage de la région accessible directement en 4×4 :

OceanoBeach

On commence à  trouver des watering holes pour les surfers, dont le Fins Restaurant et son requin-surfer-cool qui prend la pose devant son station-wagon Ford Woodie modèle 1948 🙂

FinRestaurant

Pour les ferroviphiles, un déjeûner au Rock n’ Roll Diner, situé 1300 Railroad Street (évidemment !) à Oceano, CA, s’impose :

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Nous remontons pour la nuit au Shore Cliff Lodge, célèbre pour son gazebo à mariages, ses pélicans : 

Pelican

et son panorama façon « Jonathan Livingstone le goéland »

Sunset_on_the_Pacific_Ocean

« You have the freedom to be yourself, your true self, here and now
– and nothing can stand in your way! »

Jonathan in Jonathan Livingstone Seagull, Hall Bartlett, 1973.

Photos (c) 2009 by F. Delaitre and Collection FD.

 

Difficile pour un modéliste ferroviaire de passage à Monterey de ne pas faire l’ascension jusqu’au 9 Cielo Vista Terrace. Lieu mythique puisque c’est dans les sous-sols de cette maison aujourd’hui dissimulée par une haute haie que John Allen construisit pendant plus de 25 ans son Gorre & Daphetid Railroad, probablement le plus célèbre de tous les réseaux de train miniature au monde.

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Par une fin d’après-midi d’été, je mis donc les roues de mon véhicule dans les traces de celles des operators, qui, quarante ans plus tôt, étaient invités par John pour des sessions d’exploitation de son réseau. A travers un dédale de petites routes et de maisons disséminées dans la pinède, j’arrive enfin au 9 Cielo Vista Terrace :

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Détruit par un incendie accidentel une semaine après la mort de John Allen en janvier 1973, il ne reste plus rien du Gorre & Daphetid RR, hormis quelques wagons à moitié calcinés pieusement conservés par des amis de John, et surtout une grande collection de photos miraculeusement préservée des flammes. Des photos qui servirent à Linn Westcott pour écrire son livre de référence : Model Railraoding with John Allen, à la fois histoire du G&D et biographie sur son auteur qui consacra sa vie au modélisme ferroviaire.

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Le propriétaire actuel a racheté la maison en 1979 dont le sous-sol et une partie du plancher du rez-de-chaussée étaient détruits. Il a déblayé les derniers restes (méconnaissables) du réseau et a entièrement reconstruit les lieux. Inutile donc de le déranger, il ne s’intéresse pas au train miniature et de plus il n’y a plus rien à voir ; sauf peut-être flâner aux alentours et rêver encore une fois sous les pins, dans ce vallon discret qui domine la Highway 1, à ce réseau qui fut en son temps une légende, et depuis sa destruction, une légende vivante.

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John Whitby Allen
1913-1973