Maurice LE BLOND
(1877 – 1944)
Sous préfet de Clamecy
et gendre d’Emile Zola
M |
aurice Le Blond naît à Niort le 26 février 1877 ; son
père était ingénieur à
En janvier 1897, Bouhelier et lui-même lancent un manifeste naturiste, signé également par André Gide, Paul Fort, Ferdinand Vanderem, qui a un grand retentissement. Léon Blum le publie dans sa « Revue Blanche » et Jules Renard le mentionne dans son « Journal » du 13 janvier 1897, s’étonnant de « l’effarante précocité des jeunes ».
En mars 1897, les deux amis créent la « Revue Naturiste » qui devient l’organe du « naturisme », cette doctrine littéraire et artistique se réclamant de Zola, Rodin et Claude Monet, en réaction contre le symbolisme mené par Mallarmé, Huysmans, etc.
Le Blond passe pour le « doctrinaire » du groupe : un nouveau Sainte Beuve ayant des dons de critique et se livrant parfois à des « éreintages qui font mal »…
Au moment de l’affaire Dreyfus, Le Blond soutient fermement Emile Zola. Il a vingt quatre ans, se lance dans le journalisme et entre à « L’Aurore » dirigé par Georges Clémenceau, dont il fait une biographie en 1906. En 1907, il publie un livre sur la « Crise du Midi », la fameuse révolte des « gueux de la vigne », menée par Marcellin Albert devant l’effondrement du prix du vin.
Il entre au secrétariat particulier de Clémenceau, président du Conseil en 1908. Une carrière politique s’ouvre devant ce dreyfusard, radical socialiste, et franc maçon. Très lié à Zola, il organise à sa mort le premier pèlerinage à Médan, publie en avril 1908, « Emile Zola, son évolution, son influence ». Il prononce un discours à l’inauguration du monument dédié à cet auteur à Suresne ; enfin le 14 octobre 1908, il épouse Denise Zola, âgée de 19 ans.
En novembre 1908, il est nommé sous préfet de Clamecy, où il
restera jusqu’en mai 1913. Cette « sous préfecture de 3e
classe » est loin de satisfaire son ambition. Son supérieur hiérarchique,
le préfet de Nevers Juilliard note en août
1912 : « Ancien secrétaire de Clémenceau, ayant épousé la fille d’Emile Zola, M. Le Blond
n’est pas encore parfaitement adapté à la vie provinciale. Instruit, cultivé,
il possède de réelles qualités et de sérieuses aptitudes. Mais entré dans
l’administration – sans un stage approprié-, il donne une prépondérance trop
exclusive aux côtés politiques de la fonction, et ne se plie pas facilement aux
multiples exigences de la diplomatie locale ; il n’a peut-être pas toute
la souplesse nécessaire à un sous préfet de petite ville, pour créer autour de
lui une atmosphère de sympathie. »
Il est clair que le préfet Juilliard aimerait être débarrassé de Le Blond, mais il craint ses amis politiques. Il conclut prudemment son rapport : « M. Le Blond a d’ailleurs le vif désir de ne pas prolonger son séjour ; mais je suis d’avis que l’hypothèse de son déplacement ne doit être envisagé qu’avec le désir de lui donner l’avancement qu’il mérite par l’ancienneté et la qualité de ses services. »
En fait, Le Blond est lassé de Clamecy. Il fait intervenir ses amis pour obtenir une sous préfecture de 2e classe comme Cosne. Il n’a pas que des amis… En 1909, à l’occasion de l’adjudication d’une coupe de bois, où il est arrivé avec un certain retard, il est injurié par M. Houdé, directeur fondateur de l’usine de produits chimiques, l’une des principales industries de la ville. Le préfet doit étouffer l’affaire.
Il participe à la création en 1910 de la loge maçonnique
« Claude Tillier » ; il fait le 18 décembre 1910 une conférence
dans le cadre de cette loge où il a le
grade de « premier surveillant ». Ce texte rare a été publié en 1988
dans le bulletin de
M. Le Blond ne le considère pas comme « libre penseur », mais comme un « libre croyant », un « socialiste chrétien », à la manière des héros de Emile Zola. Ce qui met Le Blond dans la catégorie des champions du progrès et de toutes les idées avancées, des défenseurs ardents de l’idéal laïque, un ennemi acharné de toutes les réactions et de toutes les injustices. Il est l’un des promoteurs de l’Association républicaine d’enseignement populaire à Clamecy, dont il élabore le programme. Il a des rapports amicaux avec Jules Renard, maire de Chitry-les-Mines, avec qui il entretient une correspondance importante. Bref, c’est un « progressiste ».
Il faut également noter qu’il partage cet ennui profond avec son épouse, Denise, qui n’a que dix neuf ans lorsqu’elle arrive à Clamecy. Et la société des dames de notables n’a rien de très « folâtre » ! Pour se distraire, elle va écrire sous le nom de Denise Auber, un charmant ouvrage pour les enfants, « Les Années Heureuses », édité par Hachette dans la célèbre Bibliothèque Rose aux reliures rouge et or. Sans égaler la comtesse de Ségur, ce livre raconte les exploits d’une bande de jeunes clamecycois.
Grâce à des amis influents, Le Blond se fait mettre en
disponibilité « pour des raisons de convenances personnelles »,
(décret du 10 mai 1913). Viviani, devenu président du Conseil, le prend comme
chef de cabinet adjoint. Mobilisé en 1916 comme simple soldat, il termine la
guerre en tant qu’officier. En 1919, Clémenceau
aidant, il devient secrétaire des « Journaux officiels », et le
restera jusqu’en 1939, où il se retire pour raisons de santé. Parallèlement, il
se consacre avec sa femme au souvenir d’Emile Zola, en collectionnant tous les
documents se rattachant à l’affaire Dreyfus et à l’écrivain. Il est promu
officier de