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L’histoire de l’évêché de Bethléem

 

L

es touristes empruntant la nationale 177 sont intrigués en arrivant à Clamecy par l’architecture « orientale » de l’église Notre Dame, et encore plus surpris de se trouver au cœur de l’ancien évêché de Bethléem-les-Clamecy. Son origine correspond à la fondation de « l’hôpital de Panténor » établi à Clamecy pour l’hébergement des pèlerins malades revenant de Terre Sainte. La date en est incertaine ; mais il semble que vers 1150, un comte de Nevers crée cet hôpital, une chapelle annexe sous le vocable de Notre Dame et un chapitre de huit chanoines de « l’Ordre de l’Etoile » soumis à la règle de Saint Augustin.

 

Le comte de Nevers Guillaume IV levant une armée à son compte, part en croisade en 1167. Il meurt de la peste en octobre 1168 et lègue par testament à l’église de Bethléem-en Palestine, cet hôpital de Panténor et les revenus afférents. Une clause précise que cette possession reviendrait à l’évêque de Bethléem, « au cas où le nouvel évêché de Terre Sainte, fondé en 1111, ne subsisterait pas. » Ce qui arriva en 1223, lors de la disparition du royaume de Jérusalem et de son évêché. Régnier, 9ème évêque de Bethléem en Palestine, vient se retirer à l’hôpital de Panténor près Clamecy, sa propriété légale par voie testamentaire.





 

A cette époque, la défense de Clamecy était assurée par son château (à l’emplacement de la mairie actuelle) et ses fortifications, ce qui permettait aux habitants des faubourgs de se réfugier derrière les remparts.

 

Le domaine de l’Evêché était séparé de la ville forte par la rivière Yonne. Mais aucun ouvrage permanent ne fut construit pour sa défense. Les voies d’accès étaient barrées par de grosses poutres mobiles, l’une située en haut du chemin de Sembert (appelé alors Cemboeuf), l’autre sur le chemin du Pré de Bethléem(notre N177 actuelle) et une troisième sur le chemin de la Maladrerie (léproserie) qui menait à Armes. La porte du Pont Chatelain faisait communiquer la place forte avec le faubourg. Mais le terrain compris entre l’Yonne et la ville était peu habité. Plusieurs cours d’eau y formaient trois îles principales : la plus importante était l’île Margot, la seconde, un terrain vague appelé « la Gravière » et la troisième allait du pertuis à l’actuelle rue Jules Renard.

 

Le domaine de Panténor, situé aux limites des évêchés d’Auxerre et d’Autun, doit affronter la rivalité des deux évêques, chacun voulant y exercer sa juridiction. En 1211, un arbitre nommé par le pape Innocent III (mais frère de l’évêque d’Auxerre) décide que « chapelle, hôpital et faubourg appartiennent au diocèse d’Auxerre. »

 

Dès leurs installations à Clamecy, les évêques de Bethléem-les-Clamecy sont aux prises avec les évêques d’Auxerre qui contestent leur « juridiction spirituelle et leurs bénéfices temporels. Un autre désaccord surgit émanant du clergé de la Collégiale St. Martin qui veut interdire aux évêques de Bethléem d’administrer les sacrements dans leurs hôpital et chapelle.

 

Jusqu’au début du 15ème siècle, les évêques de Bethléem-les-Clamecy sont des prélats in-partibus sans autre juridiction que celle du clergé de leur église, juridiction toujours contestée par les évêques d’Auxerre malgré les diverses bulles papales. A la même époque, l’église primitive du 12ème siècle érigée sous le vocable de Notre Dame est en grande partie ruinée. Elle est remaniée sous l’épiscopat d’Arnaud de Limone. Elle existe encore de nos jours, démunie de son clocher et des chapelles annexes, mais transformée à la fin du 19ème siècle en hôtel de voyageurs (La Boule d’Or) pendant de nombreuses années.









 

Pendant les premières années de la Révolution, les habitants du faubourg de Bethléem, dit »des sans culottes » exigent de la municipalité le maintien des offices religieux. En juin 1793, le citoyen Ternier, prêtre assermenté, offre de dire la messe quotidienne moyennant une somme annuelle de 200 livres. Cet accord dure peu, car, la même année, Bias Parent fonde dans cette église le « club des Sans Culottes » ; et sur l’ordre de Fouché, les deux cloches du ci-devant évêché de Bethléem sont descendues.

 

Le Concordat de 1801 prévoyait une nouvelle circonscription des diocèses de France. Le pape PieVII décrète par bulle « que l’évêché de Bethléem-les-Clamecy serait canoniquement annulé, supprimé et éteint à perpétuité. » Le clergé de Clamecy passe sous la juridiction de Nevers. Plusieurs évêques de Nevers  demanderont que leur soit conféré le titre d’évêque de Bethléem, ce qui leur sera toujours refusé.

 

Vers 1840, le pape Grégoire XVI confère cette dignité à l’abbé de Saint Maurice d’Agaune, monastère suisse du Valais. Etienne est ainsi nommé évêque in-partibus de Bethléem et consacré à Sion en juillet 1840. Dès lors aucun évêque de Nevers ne peut plus prétendre au titre d’évêque de Bethléem.

 

En 1849, Mrg. Dufêtre, évêque de Nevers, réorganise son diocèse en le divisant en 2 archidiaconés, 6 archiprêtrés, et 26 doyennés. Voulant perpétuer le souvenir de l’évêché de Bethléem, il donne ce nom à l’archidiaconé comprenant les archiprêtrés de Clamecy, Cosne et La Charité.

 

L’unique paroisse Saint Martin de Clamecy avec ses faubourgs et ses nombreux hameaux, devenait insuffisante pour sa population en croissance continue. Le 24 février 1869, sur la demande de l’évêque de Nevers, Mgr. Forcade, l’empereur Napoléon III décrète « l’érection en succursale de Bethléem-les-Clamecy, diocèse de Nevers. » En conséquence, le 25 mars 1869, Théodore Forcade érigeait canoniquement cette paroisse et en déterminait la circonscription paroissiale qui, dans un premier temps, comprenait les territoires se trouvant à l’est du cours de l’Yonne et du canal du Nivernais. En août de la même année, cette circonscription s’étendait vers l’ouest, comportant la rue de Chevroches, le  canal, l’avenue de la Gare et la voie ferrée.

 

En quatre mois, une église qui devait être « provisoire » s’élève près du pont de Bethléem, rive droite, à l’origine de la route d’Armes. Le samedi 24 juillet 1869, Mgr. Forcade consacre l’église d’Armes dans la matinée, et bénit l’après midi, les deux cloches de la nouvelle église, qu’il consacre solennellement le lendemain en installant le premier curé.





 

Les armes de la nouvelle paroisse s’inspirent de tous les souvenirs du passé : « écartelé au 1er et 4ème, d’argent à l’Etoile de Bethléem à 7 rais de gueules – au 2ème d’argent à la croix potencée et contre-potencée d’or, cantournée de 4 croisettes de même (qui est du Royaume de Jérusalem) –au 3ème d’azur semé de billettes d’or, au lion d’or armé et lampassé de gueules brochant sur le tout,(qui est de Nevers ancien). »

 

A la date du 20 décembre 1870, l’évêque de Nevers Forcade institue « la fête de Noël comme fête patronale » de l’église de Bethléem et décrète « que la Messe de Minuit sera considérée comme la messe de la dite fête. »

 

Cette église « provisoire », construite hâtivement, était peu solide ; mais elle perdura jusqu’au 1er octobre 1924, date où elle fut désaffectée. L’église actuelle en ciment armé fut l’une des premières du genre. Construite de septembre 1926 à avril 1927, la rumeur veut qu’elle ait servi de modèle pour le CNIT (Centre des nouvelles industries et techniques), quartier de la Défense à Paris.






© 2005 par Annie Delaitre-Rélu
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