Les andouillettes de
Clamecy
Extrait du bulletin de
Clamecy n’est pas seulement la « ville des beaux reflets et des souples collines », la ville qui
« avec ses mille panaches de fumée qui ondoient, se presse entre ses deux rivières et grimpe les pentes arides du Crôt Pinçon », comme se sont plu à l’écrire les créateurs de Colas Breugnon, et de « notre » Oncle Benjamin, ces deux parfaits Clamecycois.
Elle fut également dans le passé – à en croire les deux héros précités – la ville du « bien manger » et de la douceur de vivre, où magistrats, bourgeois, et simples marchands ne croyaient pas déroger, en traitant leurs confrères, amis et connaissances devant les tables généralement bien garnies des auberges du lieu, à la renommée séculaire, et dont les noms évocateurs du « Dauphin », de la « Tête Noire » et de « Saint Nicolas », des « Trois Trompettes », etc. ont disparu, alors que le souvenir en est resté.
Ce qui ne veut pas dire, au surplus, que les Clamecycois du temps présent ne soient demeurés – ainsi que l’étaient leurs enfants – amateurs de « bonnes choses » de la table, ni que ce soit éteinte la lignée des « traiteurs » capables de les réaliser.
C’est l’une de ces auberges du temps jadis, la seule qui n’ait pas failli à sa destination initiale et qui continue à dresser son haut pignon en colombages au-dessus de notre place Saint Jean, que seraient sorties – aussi loin qu’il soit possible de remonter – les « andouillettes » dont la renommée est venue ajouter aux fastes culinaires de notre médiévale cité.
Là, il y a plus d’un siècle, sous l’enseigne de
Or, au rang des bonnes actions de la mère Chapuis figuraient certaines « andouillettes » préparées elle –en même temps que d’autres charcutiers de campagne – avec les abats du porc qu’elle sacrifiait tous les vendredis, pour les besoins de son commerce de bouche.
Au décès de celle-ci, vers 1850, l’auberge de la place Saint Jean passa aux mains d’un traiteur, du nom de Chamalé, qui s’empressa d’y adjoindre un commerce de charcuterie – encore existant – et où furent vendues à tout venant, les mêmes « andouillettes » réservées jusque-là aux clients de restaurant.
Une amélioration fut cependant apportée à ces dernières par
un successeur de Chamalé, M. Péchery,
un lointain cousin ; ce qui lui valut, pendant plus de trente ans, la
clientèle de plusieurs maisons renommées de
Aujourd’hui, les « andouillettes » dites de Clamecy foisonnent dans tous les quartiers de Paris, totalement différentes – à tous les points de vue – de celles en provenance de leurs pays d’origine, où la production, variable suivant les saisons, n’arrive jamais à satisfaire aux demandes, surtout au passage des touristes.
C’est qu’en effet les charcuteries existantes se trouvent limitées la fabrication des « andouillettes » par les soins particuliers que celle-ci réclame et qui en font un produit ne pouvant être établi d’une manière industrielle, comme le saucisson par exemple.
Elles gagnent, du reste, à être dégustées sur place, tout au moins pendant la belle saison… Et c’est là une satisfaction non négligeable – parmi tant d’autres- que peut procurer notre ville aux amateurs de la belle nature répandue avec tant de profusion dans nos « Vaux d’Yonne »,
Portes naturelles du pittoresque Morvan. — C. M.
Clamecy a compris l'importance de cette spécialité et organise chaque année une fête dédiée
à "l'andouillette et au vin blanc" qui remporte toujours un grand succès.